1-1-e1669908198824-png

Lufthansa intéressée par TAP ? La « liste de souhaits » du gouvernement portugais que la société allemande garantit n’est que de la « spéculation »

Juste et seulement « spéculation ». C’est ainsi que le groupe Lufthansa – qui détient Lufthansa, Brussels Airlines, Swiss Airlines, Austrian Airlines et Eurowings – décrit l’actualité de ce vendredi faisant état d’une prétendue volonté de la compagnie aérienne allemande d’acquérir une participation minoritaire dans le capital social de TAP, permettant ainsi au gouvernement plan de restructuration de l’entreprise portugaise pour rendre viable à Bruxelles.

Et, à ce titre, face à cette éventualité, la porte-parole de Lufthansa, Anja Stenge, se limite à déclarer à VISION qu’elle « ne commente aucune spéculation ». La nouvelle, publiée par Eco, garantit que l’intérêt d’un accord entre le gouvernement portugais et Lufthansa « est réciproque », mais VISION sait que ce scénario est pratiquement impossible à réaliser.

Lufthansa s’éloigne : une nouvelle entreprise allemande rivalise avec TAP
Deux scénarios empêchent un accord immédiat : le juridique et le commercial. D’une part, Lufthansa est empêchée d’investir dans de nouvelles compagnies aériennes dans le cadre du soutien de l’État qu’elle a reçu ; d’autre part, il s’apprête à avoir sa propre compagnie long-courrier, devenant un concurrent de TAP.

C’est exactement ce qu’il explique à VISÃO Pedro Castro, consultant en aviation commerciale. « Juridiquement, je ne vois pas comment le groupe Lufthansa pourrait s’engager immédiatement à participer au TAP. Avec l’aide que Lufthansa elle-même a reçue du gouvernement allemand, il ne semble pas possible d’utiliser une partie de cet argent pour acquérir une autre entreprise », dit-il. Rappelons que c’était l’une des conditions qui ont été définies entre Berlin et l’entreprise suite au soutien de l’Etat d’un montant de neuf milliards d’euros que Lufthansa a reçu pour faire face à la crise du secteur. Ce soutien a permis à l’Etat allemand de détenir 20 % du capital de la société (la part peut atteindre 25 %) par le biais de la souscription de nouvelles actions, devenant ainsi le principal actionnaire de Lufthansa. Le gouvernement allemand a toutefois assuré qu’il ne s’immiscerait pas dans la gestion de l’entreprise, et qu’il envisageait de mettre sa position en vente en 2023.

[A Lufthansa] ne commente aucune spéculation

Ange Stenge, PAROLE du groupe aéronautique allemand

Autre signe du contraire, l’engagement du groupe Lufthansa à lancer une nouvelle marque : Eurowings Discover, qui a reçu le 16 juin dernier le certificat de la Federal Aviation Authority d’Allemagne, pariera sur les vols long-courriers au départ des bases Eurowings en Allemagne et à l’étranger (Eurowings a des bases à Salzbourg, Palma de Majorque, Pristina et plus récemment Prague). L’Amérique et l’Afrique sont les principales destinations, couvrant ainsi une partie du marché que TAP considère comme la plus rentable. Le premier appel d’Eurowings Discover est prévu pour le 24 juillet, entre Francfort-sur-le-Main, Mombasa, Kenya, et Zanzibar, Tanzanie.

Selon Pedro Castro, c’est encore une piste qui permet de combler l’écart entre Lufthansa et TAP. « Cette nouvelle entreprise est une entreprise qui se consacre au transport depuis des bases européennes vers n’importe quel endroit dans le monde. Je suis sûr que Lufthansa préfère créer sa propre entreprise plutôt que de racheter une entreprise qui connaît actuellement de graves problèmes et qui n’a même pas la paix sociale. Je ne pense pas que, compte tenu de ce scénario, il soit plausible que Lufthansa s’intéresse à TAP », explique l’expert.

Comment, alors, s’expliquer l’intérêt pour un accord manifesté publiquement par le gouvernement portugais ? « Est liste de souhaits [lista de desejos]», dit Pedro Castro. Le consultant en aviation commerciale dit « comprendre que le gouvernement portugais souhaite que Lufthansa participe et donne de la crédibilité à TAP », mais ne voit pas « le groupe allemand pouvoir ou vouloir le faire ». « À l’heure actuelle, ils sont légalement interdits et ont commercialement Eurowings Discover. Il n’y a même pas de concurrent, Air France ou British Airways, par exemple, ayant un intérêt dans TAP, qui pourrait faire avancer Lufthansa. L’aviation européenne n’est pas en phase d’achat », conclut-il.

Rendre le plan crédible : Bruxelles analyse le soutien et l’exemple d’Alitalia
Le nom de Lufthansa a souvent été posé comme une hypothèse chaque fois qu’une compagnie aérienne européenne est en difficulté. Ce serait une manière pour le gouvernement portugais de crédibiliser le plan de restructuration de l’entreprise, qui se poursuit, plus de sept mois plus tard – il a été livré le 10 décembre – sans recevoir le feu vert de Bruxelles. Cette décision ne semble pas au rendez-vous : aujourd’hui on savait aussi que la Commission européenne enverrait pour « enquête approuvée » le plan TAP, qui prévoit un soutien public et des garanties pouvant atteindre jusqu’à 3,7 millions d’euros 2024 – Ministre Pedro Nuno Santos a déjà assuré que TAP ne sera en mesure de commencer à rembourser l’État qu’en 2025.

Dans un communiqué, la Commission a confirmé « l’ouverture d’une enquête [que] donne au Portugal et aux tiers intéressés la possibilité de présenter leurs observations, sans préjudice du résultat de l’enquête », une procédure qui pourrait prendre au moins trois mois. En cause sera la plainte de Ryanair, devant le Tribunal de l’Union européenne, suite à l’injection de 1,2 milliard d’euros de TAP en 2020.

La position du gouvernement portugais rappelle celle de l’italien qui, pendant des années, a signalé publiquement et constamment un intérêt éventuel de la crédible Lufthansa pour Alitalia, qui ne s’est jamais concrétisé. Que l’intérêt soit réel ou non, seul le moyenne Les Italiens confirmeraient (avec les Allemands silencieux). Bruxelles, pour sa part, n’a jamais relâché ses revendications et les négociations n’ont été conclues qu’hier. En faillite depuis 2017, le gouvernement de Mario Draghi a clos ce jeudi les négociations qui duraient depuis des mois avec la Commission européenne, en vue de sauver l’entreprise.

Après qu’au cours des quatre dernières années, Rome ait accordé deux prêts d’environ 1,6 milliard d’euros à Alitalia, sans qu’une partie de cet argent n’ait été restituée, comme prévu, Bruxelles a décidé de renforcer sa surveillance. L’accord maintenant conclu n’a été conclu qu’après que le gouvernement italien a abandonné le nom de l’entreprise. Alitalia commence à voler avec la désignation d’Ita le 15 octobre.

VISION a contacté le ministère des Infrastructures, qui est responsable des transports, pour savoir quelle connexion existe actuellement entre TAP et Lufthansa, mais jusqu’à présent, il n’a pas reçu de réponse.

Articles récents