Portugal confronté à un important retours d’immigrants 

Le gouvernement portugais fait face à un défi majeur dans l’application de sa nouvelle politique migratoire : environ 20 000 dossiers de retours d’immigrants vers leur pays d’origine sont actuellement en attente de traitement, un chiffre révélé cette semaine par le ministre de l’Intérieur António Leitão Amaro.

Cette situation découle d’un changement radical de la dynamique migratoire au Portugal. Alors que le pays traitait seulement 400 retours par an par le passé, il a désormais atteint un niveau beaucoup plus élevé, avec près de 23 000 retours effectués cette année, selon les données présentées à la Commission européenne. Cette progression place le Portugal parmi les pays européens avec un nombre important de cas de retours en cours.

Une autre donnée qui complique l’analyse est le phénomène des “mouvements secondaires” : des personnes initiant une demande d’asile ou de protection dans un autre État de l’UE avant de rejoindre le Portugal. Ce type de situation, jusque‑là considéré comme marginal, s’est accru ces dernières années, influençant les statistiques et les obligations de Lisbonne dans le cadre du pacte européen sur la migration et l’asile.

Au‑delà des chiffres, le pays doit aussi faire face à une capacité d’hébergement limitée pour les personnes retournées ou en instance de retour. Actuellement, seuls 86 lits sont disponibles dans les centres d’accueil temporaires, bien en‑deçà du besoin réel, ce qui a poussé le gouvernement à annoncer la construction de deux nouveaux centres en 2026. En attendant, des solutions transitoires sont envisagées, notamment la conversion de bâtiments existants pour héberger temporairement des migrants en attente de leur retour effectif.

Cette réorganisation s’inscrit dans un contexte plus large de réforme de la politique migratoire portugaise, qui vise à la fois à accélérer les procédures de retour, à réduire les délais de traitement des dossiers et à adapter la législation nationale aux exigences européennes. La collaboration avec Bruxelles est d’ailleurs en cours, avec pour objectif d’intégrer la réalité actuelle du pays dans l’évaluation du mécanisme communautaire de solidarité.