La défense de Manuel Pinho a présenté un rapport du juge Carlos Alexandre au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et à l’Ordre des avocats pour validation comme preuve de la correspondance échangée par le prévenu avec ses avocats dans l’affaire EDP.
A la base de cette action se trouve la requête en défense de l’ancien ministre de l’Economie, remise cette semaine à la Direction centrale des investigations et de l’action pénale (DCIAP), à l’attention du juge d’instruction chargé du procès, qui demande que la la saisie de la correspondance échangée soit déclarée nulle entre le prévenu et ses avocats, ainsi que le matériel saisi lors des perquisitions domiciliaires de février 2022, et la destruction de ces dossiers.
S’adressant à Lusa, l’avocat de l’ex-gouverneur, Ricardo Sá Fernandes, justifie l’initiative par la nécessité de préserver le secret professionnel : « La candidature et les déclarations qui ont été présentées signifient qu’il existe des limites que nous ne pouvons pas permettre de dépasser, sous peine de compromettre l’exercice du droit au Portugal ».
Selon la demande, à laquelle Lusa a eu accès, la défense de Manuel Pinho souligne l’existence de 191 e-mails parmi les dossiers, la grande majorité « sur des questions liées, directement ou indirectement, à la défense de ce qui est discuté dans ces dossiers, certains d’entre eux un caractère purement privé, même sur des aspects liés à la santé », jugeant « intolérable » que le juge ait validé l’accès à ces informations au ministère public (MP).
« La gravité des faits (…) justifie que, à cette date, une telle factualité soit signalée au Conseil supérieur de la magistrature et au bâtonnier de l’Ordre des avocats aux fins jugées opportunes », lit-on dans le document, qui ajoute : « Les prévenus et leurs représentants se sont sentis lésés dans l’intimité des communications confidentielles ».
Révélant que lors des perquisitions de novembre 2022, alors qu’une copie informatique des données de l’équipement a été réalisée, le prévenu a trouvé sa boîte mail ouverte avec une sélection de mails échangés avec les agents, la défense reproche au juge d’avoir autorisé « l’enquête à mener les recherches ». et sélection d’éléments pouvant s’avérer intéressants pour le test », refusant de supprimer les fichiers.
« Tout ce matériel saisi pouvait être analysé, scruté et fouillé par ceux qui ne pouvaient même pas le voir, et cela s’est produit en vertu d’une ordonnance judiciaire dans laquelle, affirmant que le juge d’instruction avait consulté les dossiers, il n’a rien décelé qui puisse mettre sérieusement en cause droits, libertés et garanties des personnes concernées, et peuvent ainsi faire l’objet d’une enquête et d’une sélection par le ministère public et l’OPC [órgãos de polícia criminal]», a-t-il évoqué.
Aucun des mails échangés entre Manuel Pinho et Ricardo Sá Fernandes n’a pour l’instant servi de preuve, mais la défense pointe au député l’utilisation de correspondances entre l’ancien dirigeant et ses avocats fiscalistes espagnol et portugais.
« Soit le juge d’instruction a vu les dossiers, ayant nécessairement vérifié qu’ils contenaient une correspondance très abondante entre le prévenu et ses agents, sans que cela l’ait empêché d’autoriser leur enquête et leur sélection par la MP et l’OPC ; soit le juge d’instruction n’a jamais vu les dossiers, signant « en croix », « de confiance », une ordonnance dans laquelle il prétend les avoir vus en entier », a-t-il souligné, qualifiant la conduite du juge d’« inacceptable ».
L’ancien ministre de l’Economie (entre 2005 et 2009) a été accusé dans cette affaire d’un délit de corruption passive pour un acte illicite, un autre de corruption passive, un délit de blanchiment d’argent et un délit de fraude fiscale.
Sont également accusés dans ce procès l’épouse de l’ex-ministre, Alexandra Pinho, en concurrence effective et co-auteur matériel avec son mari d’un crime de blanchiment d’argent et d’un autre de fraude fiscale, et l’ancien président du BES, Ricardo Salgado, pour un crime de corruption active pour un acte illicite, un crime de corruption active et un autre de blanchiment d’argent.
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