Le Premier ministre, António Costa, a estimé que la société civile était «bienvenue» par rapport au Plan de relance et de résilience (PRR) qui sera présenté à Bruxelles, mais a rappelé aux structures artistiques les limites du programme.
Dans un article d’opinion publié aujourd’hui dans le journal Público, Costa répond à une lettre ouverte, publiée vendredi et signée par des personnalités et des structures artistiques, qui critique l’absence de propositions d’investissement du gouvernement dans la culture, dans le PRR.
En réponse, le Premier ministre a rappelé que «les contributions sont les bienvenues» jusqu’au 1er mars, jour de la fin de la consultation publique du programme.
L’objectif, a souligné António Costa, est d’envisager «de nouveaux programmes ou de nouveaux projets».
«Le projet de plan de relance et de résilience (PRR) a été remis en consultation publique, précisément pour faire l’objet d’une lecture critique, mais surtout pour pouvoir encore bénéficier de nouvelles propositions», a rappelé le Premier ministre.
Dans la lettre ouverte adressée à l’agence Lusa, qui comptait jusqu’à 4h00 aujourd’hui plus de 300 abonnés dans les domaines du théâtre, de la danse, du cinéma, de la production et de la gestion culturelle, et de la recherche en sciences humaines, les signataires s’étonnent «que la culture n’est pas présente, dans ses différents domaines », dans la version du Plan de Relance et de Résilience (PRR) en consultation publique.
«L’omission de la Culture dans ce plan, à moyen terme, aura des conséquences économiques, sociales et politiques à grande échelle. A l’heure où la cohésion démocratique est une question de préoccupation transversale, il nous semble une grave erreur que notre gouvernement choisisse de ne pas investir dans l’avenir d’un secteur si fondamental à cette cohésion », écrivent-ils, demandant l’inclusion de ce domaine dans le plan, publié mardi.
António Costa, dans l’article d’opinion publié aujourd’hui, souligne que «le PRR vise la relance économique et sociale, à travers des réformes et des investissements réalisables à court terme, mais avec un effet structurant dans les domaines éligibles: la résilience et le double numérique transition climatique ».
«Cela se traduit en fait par deux caractéristiques du PRR: il a un temps d’exécution très court jusqu’en 2026; il ne soutient que les réformes et les investissements qui accélèrent la double transition climatique et numérique ou renforcent la résilience », a-t-il détaillé.
Le Premier ministre portugais a également ajouté que « malgré ce thème fort, la culture n’est pas exclue de l’accès aux fonds PRR ».
« Les investissements dans l’efficacité énergétique ou dans l’infrastructure numérique des équipements culturels ou la formation numérique des agents culturels en sont des exemples évidents », a-t-il souligné.
Costa a également donné d’autres exemples montrant que la culture peut jouer un rôle pertinent dans le cadre du nouveau programme: «dans le cadre de programmes d’inclusion sociale, de valorisation du patrimoine public, d’intervention dans les zones métropolitaines ou de transformation du paysage des territoires forestiers vulnérables».
Il a également illustré avec «la refonctionnalisation des espaces d’activités dans le domaine de la culture, des espaces de studio – ou de la valorisation culturelle du patrimoine public».
Cependant, il existe deux exemples clairs, selon Costa, dans lesquels la culture joue un rôle déterminant dans le PRR.
«Parmi les Agendas / Alliances mobilisateurs d’investissement et d’innovation, la production culturelle et les industries créatives sont répertoriées comme des domaines stratégiques faisant partie d’un programme d’investissement dans la créativité et l’innovation, avec une dotation de 558 millions d’euros», écrit-il.
Mais aussi, «dans le domaine des certifications et compétences, le programme Impulso Jovem STEAM (140 millions d’euros) vise à promouvoir et à soutenir des initiatives visant à accroître l’enseignement supérieur des jeunes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie, des mathématiques et… Arts ».
Des personnalités telles que l’historienne Irene Flunser Pimentel, le réalisateur Jorge Silva Melo, l’actrice Maria do Céu Guerra, la présidente de la Fondation José Saramago, Pilar del Río, le chercheur et programmeur António Pinto Ribeiro, le directeur culturel Miguel Lobo Antunes et le musicien Sérgio Godinho affirment que l’opportunité qui se présente doit être saisie, revitalisant de manière structurée ce secteur si central pour l’avenir de la vie nationale ».
Les entités culturelles adhérentes rappellent, dans la lettre ouverte, avoir vérifié que, dans le PRR qui sera présenté à Bruxelles, rendu public pour consultation le 16 février, «il n’y a pas de proposition d’investissement dans la culture».
Le PRR portugais, mis en consultation publique mardi dernier, recense 36 réformes et 77 investissements dans les domaines social, climatique et numérique, pour un total de 13,9 milliards d’euros de subventions.
L’arrivée du projet pour consultation publique intervient après la présentation d’un projet à la Commission européenne en octobre dernier, et un processus de discussions avec Bruxelles.
Dans le plan, 2,7 milliards d’euros de prêts sont également prévus, bien qu’il n’ait pas encore été décidé si le Portugal recourra à cet aspect du mécanisme de relance et de résilience, le principal instrument du nouveau Fonds de relance de l’Union européenne.
ME (AG) // FPA