Au cœur de la crise immobilière au Portugal, un phénomène inquiète : des immeubles entiers restent quasi‑vacants, alors que les ménages peinent à se loger. Ces « immeubles locatifs fantômes » alimentent les critiques et ravivent le débat sur l’impact des investissements immobiliers sur l’accès au logement.
Dans les grandes agglomérations et zones touristiques, des immeubles acquis par des fonds ou destinés à la location courte durée demeurent à l’état d’attente ou transformés en actifs d’attente (« asset parking »). Pendant ce temps, la demande locative explose : on compte jusqu’à 32 demandes pour un seul logement disponible dans certains quartiers.
Le constat est clair : l’offre réelle de logements destinés à la location longue durée ne suit pas. Selon un rapport de Commission européenne, les prix de l’immobilier sont surévalués d’environ 35 % au Portugal, en grande partie à cause du manque d’offre et de la pression d’investissements spéculatifs.
Ce déséquilibre a un coût social : des familles travaillentuses et des retraités modestes se retrouvent exclus du marché. À Lisbonne, un homme âgé de 80 ans raconte avoir perdu son logement après que son appartement ait été racheté par des investisseurs.
Les spécialistes pointent du doigt un cadre réglementaire trop permissif aux effets pervers. L’absence d’incitation à louer à long terme, couplée à l’attractivité des locations touristiques, crée un parc intermédiaire hors marché : disponible, mais non mobilisé pour répondre aux besoins de résidence stable.
Pour remédier à cette situation, plusieurs pistes émergent : obliger à remettre en location longue durée des biens vides depuis trop longtemps, limiter la conversion en meublé touristique dans les zones tendues, et encourager la construction de logements publics. Le défi est double : il ne s’agit pas seulement de libérer un parc existant, mais aussi de maîtriser la dynamique d’investissement qui accentue la pénurie de l’offre locative.





