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L’économie mondiale croîtra de 2,5 % par an jusqu’en 2031

D’ici la fin de la décennie, le monde connaîtra un profond changement dans les modes de consommation et dans la manière dont les pays commercent entre eux. Selon le rapport « Protectionism, Pandemic, War and the Future of Trade » du Boston Consulting Group (BCG), on assistera à une augmentation des relations commerciales entre l’Europe et les États-Unis au détriment des transactions avec la Chine.

« Le commerce mondial a été considérablement affecté au cours des trois dernières années, initialement par la pandémie et actuellement par le conflit en Ukraine et la montée des tensions géopolitiques. Après près de trois décennies d’un environnement commercial relativement sécurisé, on assiste aujourd’hui à une nouvelle dynamique entre l’Est et l’Ouest, avec d’un côté les États-Unis et l’Union européenne et de l’autre la Chine et la Russie, ainsi que l’émergence potentielle d’un troisième groupe de nations neutres », déclare Nikolaus Lang, associé principal au BCG.

Ces changements géopolitiques entraîneront un ralentissement de la croissance du commerce mondial. Le consultant prévoit que les transactions mondiales entre pays augmenteront à un rythme de 2,3% par an jusqu’à la fin de la décennie. En revanche, la même étude révèle que l’économie mondiale devrait maintenir un taux de croissance d’environ 2,5 %.

Si cette performance des deux indicateurs se vérifie, ce sera la première fois depuis 25 ans que le PIB mondial aura un taux de croissance supérieur à celui du commerce international. Entre 1995 et 2008, les transactions commerciales à travers la planète ont enregistré un taux de croissance de 1,5 point de pourcentage supérieur au PIB et, dans les dix années suivantes, cette différence était d’un point de pourcentage.

En raison de la guerre en Ukraine, les relations commerciales entre l’Union européenne et la Russie ont subi un changement majeur, ce qui a conduit les pays de l’UE à rechercher des alternatives dans d’autres régions du globe.

« Les changements prévus continueront de diluer la mondialisation économique et l’ouverture commerciale qui ont caractérisé les trois premières décennies de l’après-guerre froide, ce qui se traduira par une carte commerciale redessinée qui sera considérablement différente de ce qu’elle était en 2021 », précise le gestionnaire.

En conséquence, l’étude du BCG prévoit qu’au cours des neuf prochaines années, l’Union européenne augmentera ses échanges commerciaux avec les États-Unis de 338 milliards de dollars. Cette valeur sera fortement tirée par l’augmentation des importations d’énergie, à savoir le gaz naturel, qui provenait en grande partie de Russie. En revanche, les transactions européennes avec la Russie seront réduites de 262 milliards de dollars sur la même période.

Mais il n’y aura pas que les Nord-Américains qui seront nos nouveaux partenaires. Les relations commerciales de l’Europe s’étendront à d’autres régions avec des pays d’Asie du Sud-Est, d’Afrique, d’Inde et du Moyen-Orient. L’Europe maintiendra son lien commercial avec la Chine, mais le BCG prévoit que l’augmentation des transactions entre les pays de la communauté et la Chine enregistrera une augmentation de 72 milliards de dollars, un montant très modeste par rapport aux années précédentes.

De leur côté, les échanges entre les États-Unis et la Chine chuteront de 63 milliards de dollars d’ici 2031. En revanche, les transactions entre la Russie et la Chine augmenteront de 90 milliards de dollars et, avec l’Inde, de 20 milliards de dollars.

Bref, les pays d’Asie du Sud-Est seront les principaux bénéficiaires de ce changement géopolitique. Le consultant estime que les nouvelles transactions entre ces États et le reste du monde augmenteront d’environ un milliard de dollars d’ici la fin de 2031.

« Le nouveau commerce mondial donne la priorité à la résilience de la chaîne d’approvisionnement et à la diversification mondiale. Les entreprises devraient donner la priorité aux mesures visant à accroître la résilience, telles que la création d’un stock de sécurité de biens et de composants essentiels et la qualification préalable des fournisseurs alternatifs, explique Michael McAdoo, l’un des auteurs de l’étude.

Pour ce responsable, l’environnement commercial relativement sûr, qui a permis aux entreprises de développer de vastes réseaux d’approvisionnement mondiaux, « a cédé la place à un scénario plus incertain qui nécessite un équilibre entre les objectifs d’efficacité et de baisse des coûts et une plus grande prise de conscience des risques mondiaux ».

Au cours des dernières années, l’exécutif américain s’est efforcé de promouvoir la production nationale et d’inciter l’industrie à diversifier les chaînes d’approvisionnement. Des mesures telles que l’Inflation Reduction Act, l’accord commercial entre les États-Unis, le Mexique et le Canada et l’US Chips Act, une loi qui a créé un fonds de 52 milliards de dollars pour financer la recherche et la production de semi-conducteurs dans le pays, sont des mesures qui visent pour , en grande partie, réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis de la Chine.

L’Union européenne adopte également, depuis 2021, une attitude plus prudente dans ses relations avec la Chine, à travers une augmentation des frais de douane, entre autres mesures et positions prises, dans ce que beaucoup appellent un mouvement de rétorsion « oeil par oeil ». Les incertitudes sont encore nombreuses, mais les entreprises commencent déjà à s’adapter aux nouvelles exigences de la dynamique géopolitique. Toutes ces restructurations poseront d’énormes défis, mais, comme le souligne le rapport du BCG, elles créeront aussi de « grandes opportunités ».

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