S’exprimant à l’entrée d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), Fernando Medina a anticipé le Conseil Ecofin de mardi, au cours duquel les 27 discuteront de la récente proposition de la Commission européenne de geler les fonds de cohésion à la Hongrie pour de prétendues violations des l’État de droit, ainsi que l’approbation du plan hongrois de relance et de résilience (PRR) et d’autres dossiers que Budapest a bloqués en raison du manque d’accès aux fonds, des questions que le ministre considère comme de la plus haute importance.
Evoquant ce qu’il a qualifié de « point fondamental de la réunion Ecofin de demain » (mardi), des discussions autour « d’un ensemble de dossiers concernant la Hongrie », Medina a ajouté que ce qu’il attendait, « et que le Portugal cherchera à contribuer à la discussion , c’est un message sur l’importance de s’entendre, de parvenir à s’entendre », important non seulement pour Budapest mais pour l’ensemble du bloc.
Le ministre prône « une entente qui permette, d’une part, de débloquer et de clarifier la situation de soutien à la Hongrie, mais qui permette aussi, de ce point de vue, de surmonter les veto qui existent par rapport à deux dossiers, à savoir l’UE soutien à l’Ukraine et l’imposition minimale des entreprises », a-t-il déclaré, faisant référence au paquet de 18 milliards d’euros d’aide macrofinancière à Kiev pour 2023, et à l’imposition minimale de 15 % sur les bénéfices des grandes entreprises, que la Hongrie a bloquée à la lumière de son « bras de fer » de longue date avec Bruxelles au sujet de l’état de droit.
« Nous allons faire appel, et nous allons travailler pendant ces deux jours, pour faciliter une entente qui puisse débloquer les dossiers, pour que ces dossiers importants puissent avancer », a renforcé le ministre des Finances.
Fernando Medina espérait « la capacité d’être ouvert et compréhensif, de valoriser non seulement les progrès que la Hongrie a réalisés, son engagement à remplir l’agenda qu’elle s’est fixé », mais « que cela permette également d’avancer dans la solution concernant le financement des fonds européens et aussi débloquer les blocages que la Hongrie a mis en place par rapport à un ensemble de dossiers ».
Selon le ministre, il est de la plus haute « importance que l’Union puisse avancer sur ces fronts ».
Les ministres des Finances de l’UE discuteront mardi de la récente recommandation formelle de la Commission européenne de suspendre le versement de 7,5 milliards d’euros de fonds de cohésion à la Hongrie, mais une décision finale ne devrait être prise que la semaine prochaine.
Moins d’une semaine après la décision inédite de l’exécutif communautaire de proposer au Conseil la suspension du paiement de 65% des engagements pour trois programmes opérationnels dans le cadre de la politique de cohésion, d’un montant de 7,5 milliards d’euros, dans le cadre du mécanisme de conditionnalité, pour les manquements présumés à l’État de droit, cette question dominera la réunion du Conseil Ecofin.
Cependant, plusieurs sources européennes indiquent qu’une décision déjà à ce Conseil est peu probable, certains États membres défendant que la Commission devrait mettre à jour l’évaluation des mesures adoptées entre-temps par Budapest, même si l’avis de l’exécutif communautaire date de novembre dernier Le 30, sur la base des informations fournies par les autorités hongroises jusqu’au 19 novembre, et aujourd’hui la Commission a réitéré que les pays de l’UE disposent de « tous les éléments dont ils ont besoin » pour donner leur avis.
Les États membres ont toutefois jusqu’au 19 décembre pour adopter une décision finale – à la majorité qualifiée -, avec une nouvelle réunion ministérielle probable la semaine prochaine, avant un Conseil européen qui réunira les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne sur la 15 et 16 décembre à Bruxelles.
Fin novembre, la Commission européenne a donné son « feu vert » au Plan de relance et de résilience (RRP) de 5,8 milliards d’euros de la Hongrie, mais a proposé de suspendre 7,5 milliards d’euros de fonds de la politique de cohésion, car, selon Bruxelles, « malgré les mesures prises , il existe toujours un risque permanent pour le budget de l’UE, étant donné que les mesures correctives qui doivent encore être mises en œuvre sont de nature structurelle ».
C’était la première fois que le règlement sur la conditionnalité était appliqué, la mesure étant liée à des irrégularités en Hongrie, dans des domaines tels que les marchés publics, des manquements à poursuivre des enquêtes et des actions en justice dans des affaires liées aux fonds européens, ainsi que des lacunes dans la lutte contre la corruption.
Adopté en 2021, le mécanisme de conditionnalité prévoit des sanctions en cas de violation de l’État de droit dans un État membre donné et dans des situations qui affectent les intérêts financiers de l’UE.
Dans le même temps, l’institution a donné son « feu vert » au PRR hongrois, dont l’approbation avait été retardée de plusieurs mois, après « s’être assuré l’inclusion de jalons essentiels sur l’indépendance judiciaire et la protection du budget de l’UE ».
Pour accéder aux fonds du PRR, Budapest dépend toutefois de la « mise en œuvre complète et effective des étapes nécessaires », avec 17 mesures correctives en jeu, ainsi que d’autres réformes de l’état de droit liées à l’indépendance judiciaire, dans un total de 27 Marcos importants. .
Bruxelles entretient un long contentieux avec le gouvernement hongrois de Viktor Órban, accusé de violer l’Etat de droit, à savoir l’indépendance du système judiciaire et des médias et d’atteinte aux droits des minorités et de ne pas lutter contre la corruption. En « riposte », Budapest a bloqué plusieurs dossiers nécessitant l’unanimité, comme l’aide à l’Ukraine ou la taxation des multinationales.
ACC (ANE/IG) // CSJ