«Forward guidance» est le terme utilisé lorsqu’une banque centrale donne des indications sur l’orientation future de la politique monétaire, communiquant ses intentions en matière de politique monétaire.
« En revanche, avec cette hausse de 50 points de base contre les 25 points de base précédemment annoncés, cette réunion marque la fin de la forward guidance. Ce n’est pas mal. Se lier les mains dans un environnement aussi instable n’avait aucun sens », a déclaré Franck Dixmier, directeur mondial des investissements en obligations chez Allianz Global Investors (AllianzGI), dans une note de recherche.
L’analyste estime que « la BCE n’avait pas d’autre choix que de prendre des mesures fortes », face à la hausse de l’inflation et à la chute de l’euro face au dollar, puisqu’elle était « très décalée », donc « elle devait agir clairement et sans équivoque ». ”.
La BCE a commencé à utiliser la « forward guidance » en juillet 2013, lorsqu’elle a indiqué qu’elle s’attendait à ce que les taux d’intérêt restent bas pendant une période prolongée.
Depuis lors, il a été adapté et utilisé pour fournir au marché des indications sur l’évolution attendue des taux d’intérêt et des achats d’actifs.
L’équipe de recherche de Banco BPI note également, dans une note, que, « en regardant les prochaines réunions, de nouvelles augmentations des taux d’intérêt peuvent être attendues, bien que l’ampleur des augmentations sera décidée réunion par réunion en fonction de l’évolution des données économique et sans ‘forward guidance’ ».
Pour les économistes de l’institution portugaise, « il est probable que la BCE décide de procéder à des hausses de taux similaires » à celles de jeudi lors des réunions de septembre et d’octobre.
« Ainsi, la BCE pourra gagner une certaine marge de manœuvre si les risques sur le scénario finissent par se matérialiser et qu’il soit nécessaire d’assouplir la politique monétaire à moyen terme », justifient-ils.
Pour Carsten Brzeski, directeur de la macroéconomie à la banque ING, la réunion de ce jeudi a marqué « la fin définitive » de la « forward guidance » de la BCE.
« À la fin de l’année dernière, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déjà donné ses propres conseils personnels selon lesquels elle ne s’attendait pas à des augmentations de taux en 2022. Les » orientations prospectives « décidées lors de la réunion de juin étaient aussi inutiles qu’elles étaient erronées », a-t-il écrit dans une note de « recherche ».
L’économiste soutient que cela révèle qu’en période de forte incertitude, la «forward guidance» n’est plus un outil que toute banque centrale devrait utiliser.
« Avec cela à l’esprit, soyons très prudents dans nos prévisions sur ce que fera la BCE au-delà de septembre », sur la base de la communication de jeudi, ajoute-t-il.
Une étude d’Allianz Trade, actionnaire de COSEC — Companhia de Seguros de Créditos, souligne que l’aversion croissante au risque des banques entraîne une baisse de la croissance du crédit », elle estime donc que « des conditions de crédit fortement restrictives peuvent influencer le conseil d’administration de la BCE à adopter prochainement un rythme plus graduel de normalisation des politiques face à des risques croissants de récession ».
La BCE a décidé ce jeudi de relever ses trois taux directeurs de 50 points de base, la première hausse depuis 11 ans, dans le but de juguler l’inflation.
Le taux d’intérêt sur les opérations principales de refinancement passe de 0% à 0,50%, le taux applicable à la facilité de prêt marginal est désormais à 0,75% et le taux de dépôt, qui était en territoire négatif (-0,50%) passe à 0 %. Cette augmentation prendra effet à partir du 27 juillet.
« Le Conseil des gouverneurs a jugé opportun de faire un premier pas plus important, dans sa trajectoire de normalisation des taux d’intérêt directeurs, que celui signalé lors de la précédente réunion », indique dans un communiqué la banque centrale, qui a opté pour une hausse de 50 points de base en au lieu des 25 points de base initialement indiqués.
L’institution dirigée par Christine Lagarde a indiqué que lors des prochaines réunions, elle poursuivra la hausse des taux d’intérêt.
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