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Sommet social: «La question principale» est la qualité et non la quantité d’emplois – Frederico Cantante

«Il ne me semble pas mal qu’il y ait des objectifs quantitatifs, (…) mais cette dimension (…) ne doit pas occulter des objectifs essentiellement qualitatifs», par exemple des salaires décents et la lutte contre l’emploi précaire, estime le chercheur, dans un entretien avec Lusa, à propos du sommet social, prévu le 7 mai à Porto.

«Certains principes sont pris en compte», mais «le diable est toujours dans la façon dont cela est accompli, quelles sont les actions qui seront effectivement menées, au niveau européen et national, pour les atteindre», souligne le membre de la Collaborative Laboratoire du travail, de l’emploi et de la protection sociale (CoLabor).

Frederico Cantante salue « l’agenda politique » du plan d’action sur le socle européen des droits sociaux, proposé par la Commission, car il diffère de « celui qui a dominé l’Europe au moins depuis 2009/2010 », mais souligne que « une manifestation de principes « c’est vrai: principes.

«Malgré tout, il semble y avoir une plus grande prise de conscience que l’extrême flexibilité et la précarité des relations professionnelles sont des choses à éviter», concède-t-il.

Un signe qu’il juge positif est le rôle attribué aux partenaires sociaux «dans le calibrage des mesures concrètes».

Cantante souligne qu’il ne suffit pas de réglementer les relations de travail pour lutter contre la précarité, comme le montre le cas portugais.

«Nous grandissions beaucoup, pour ce qui était notre histoire récente, nous avons cessé d’avoir un déficit public en un an, l’emploi a beaucoup augmenté, le chômage a aussi beaucoup diminué, il y a eu une légère augmentation des revenus des ménages, mais la crise a montré plus tard comment toute cette euphorie, toutes les avancées qui ont été faites, étaient en fait assez fragiles. Cette fragilité est en partie due à la fragilité du tissu commercial au Portugal », observe-t-il.

Pour cette raison, «des mesures visant à modifier le profil de spécialisation de l’économie portugaise» sont nécessaires, qui est «très spécialisée dans les services typiquement saisonniers», estime-t-il, en défendant un «retournement».

«D’un point de vue qualitatif, et la pandémie est venue (…) pour illustrer très bien cela, une part très significative de l’emploi qui a été créé [em 2019] c’était un travail précaire, mal payé, (…) non protégé », décrit-il.

Au Portugal – souligne le doctorat en sociologie -, «la précarité des relations industrielles et des relations professionnelles atypiques a une dimension inquiétante, tout comme les bas salaires, qui continuent à avoir une dimension très pertinente dans l’économie portugaise».

Proposant «des actions concrètes visant à lutter contre le travail précaire», le chercheur rappelle que «les jeunes sont la tranche d’âge où la précarité est la plus répandue, ce qui s’était déjà produit lors de la crise de 2009».

Et il note que «les contrats de travail atypiques ont fortement augmenté ces dernières années», atteignant une dimension «absolument disproportionnée».

En 2019, l’UE dans son ensemble était très proche d’atteindre l’objectif de 75% d’emploi fixé pour 2020. Cependant, la pandémie de covid-19 a mis un terme à «une progression positive de l’emploi en six ans, avec un taux d’emploi de 72,4% au troisième trimestre 2020 », reconnaît la Commission européenne, dans le cadre du plan d’action qui fixe les objectifs pour 2030.

Le chercheur comprend que, pour que la quantité d’emplois s’accompagne de qualité, il faut aussi se pencher sur les objectifs qui n’ont été atteints qu’en 2020.

L’UE n’a pas réalisé l’investissement de 3% du PIB dans la recherche et le développement («le Portugal a été divisé par deux»), ni réussi à réduire la population menacée de pauvreté et d’exclusion sociale qu’elle avait proposé. «Il y a eu une baisse au niveau européen, mais l’objectif a été divisé par deux», note-t-il.

Ici aussi – souligne-t-il – «le diable est revenu aux détails», avec des prestations sociales qui ne protègent que les situations extrêmes ou des salaires minima qui ne protègent pas une population active importante de la pauvreté.

Dans le même temps, « la discrimination liée à la question du genre continue d’être catastrophique sur le marché du travail », ce qui est « très évident » au Portugal, note-t-il.

Le chercheur admet que «le télétravail peut être une modalité de travail émancipatrice, qui améliore la qualité de vie des travailleurs et peut servir les intérêts des entreprises», mais prévient qu ‘«il peut aussi avoir des conséquences négatives, pour un côté et pour l’autre, ou pour les deux », si ce n’est pas bien réglementé. Et ici, « la hâte est l’ennemie des bonnes solutions », prévient-il.

«Il ne faut pas ignorer cette réalité, il faut penser à des formes de régulation qui sauvegardent les intérêts des deux parties», suggère-t-il, soulignant que, si «au début il y avait une énorme euphorie» avec le télétravail, actuellement «une part importante des travailleurs »ont déjà« envie de retourner sur leur lieu de travail ».

Le sommet social est présenté comme un moment central de la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne (UE), qui se termine le 30 juin.

SBR // MDR

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