1-1-e1669908198824-png
30060315_wm-3457237-8457029-jpg

Le message de la Journée mondiale du théâtre appelle à « retrouver l’essence perdue de l’humanité »

Signé par l’actrice égyptienne Samiha Ayoub, le message de l’Institut international du théâtre (ITI, dans son acronyme original en anglais), pointe du doigt l’état du monde, « cette vile image de la brutalité, du racisme, des conflits sanglants, des formes de pensée singulières et l’extrémisme », et vise à retrouver l’être humain libre et tolérant, reconnaissant dans le théâtre et sa capacité à représenter la vie, sous tous les angles, la possibilité « d’affronter les ténèbres de l’ignorance et de l’extrémisme ».

« Je vous invite tous à vous lever ensemble, main dans la main et, épaule contre épaule, à crier fort, comme nous avons l’habitude de le faire sur les scènes de nos théâtres, et à laisser sortir nos paroles pour éveiller la conscience du monde entier, pour retrouver en nous-mêmes l’essence perdue de l’Humanité », écrit l’actrice égyptienne choisie par l’ITI pour rédiger le message officiel de la Journée mondiale du théâtre 2023.

« Notre humanité, devenue douteuse », peut-être « redeviendra-t-elle un jour une certitude catégorique qui nous rendra fiers d’être humains », poursuit Ayoub, dans un appel qu’il lance aux professionnels du spectacle vivant, « dramaturges , metteurs en scène, acteurs, scénographes, poètes, chorégraphes et techniciens, tous sans exception ».

« En étant à l’avant-garde pour affronter tout ce qui est laid, sanglant et inhumain […] avec tout ce qui est beau, pur et humain […]c’est nous, et personne d’autre, qui avons la capacité de répandre la vie », souligne l’actrice, exhortant les professionnels à agir « au nom d’un seul monde, d’une seule Humanité ».

Vétéran de la scène égyptienne et l’une des actrices les plus récompensées de son pays, Samiha Ayoub dit que « chaque fibre » de son être « frissonne devant le fardeau » imposé par les « pressions accablantes et les sentiments contradictoires » du monde d’aujourd’hui, avec ses « conflits, guerres et catastrophes naturelles dévastatrices », paix psychologique et monde spirituel, aggravant le poids même de la responsabilité d’être acteur.

L’actrice soutient que jamais auparavant les êtres humains n’ont été « aussi étroitement liés les uns aux autres », ni « aussi dissonants », pointant ainsi « le paradoxe dramatique qu’impose le monde contemporain ».

Malgré les formes de communication actuelles, « qui ont dépassé toutes les frontières géographiques, les conflits et les tensions dont le monde est témoin ont dépassé les limites de la perception logique et créé, au milieu de cette apparente convergence, une divergence fondamentale qui nous éloigne de la véritable essence de l’humanité », écrit Samiha Ayoub.

« Le théâtre, dans son essence originelle, se résume à un acte purement humain fondé sur la véritable essence de l’humanité, qui est la vie ». Pour cette raison, poursuit-il, s’adressant aux professionnels, lorsqu’ils entrent dans un théâtre, « laissez dehors toute la poussière et la saleté », tous « les petits soucis ». […] qui gâchent vos vies et détournent l’attention de l’art », écrit-il, paraphrasant le dramaturge et pédagogue russe Konstantin Stanislavsky, auteur de « La Méthode ».

« Dès qu’on monte sur scène, on le fait avec la seule vie en nous, celle qui existe en un seul être humain », une vie avec « une énorme capacité à se diviser, à se reproduire et à se transformer en plusieurs vies ».

« C’est nous qui donnons à la vie sa splendeur. C’est nous qui l’incarnons en chair et en os. C’est nous qui le faisons vivre et lui donnons du sens. Et c’est nous qui lui donnons les raisons de le comprendre. Nous sommes ceux qui utilisent la lumière de l’art pour affronter les ténèbres de l’ignorance et de l’extrémisme », opposant « les valeurs de vérité, de bonté et de beauté », car « la vie mérite d’être vécue », conclut Samiha Ayoub.

Née à Shubra, dans la capitale égyptienne, le 8 mars 1932, Samiha Ayoub a une carrière de plus d’un demi-siècle au théâtre, au cinéma et à la télévision. Lauréate du Prix des Arts du Nil, elle a dirigé le Théâtre Moderne dans les années 1970 et dirigé le Théâtre Al-Qawmy de 1975 à 1985. La salle principale du Théâtre National d’Égypte porte son nom.

À l’initiative de l’ITI, organisme affilié à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), la Journée mondiale du théâtre est célébrée le 27 mars depuis 1961.

La traduction portugaise du message officiel de cette année a été réalisée par l’acteur Tiago Fernandes, de la distribution et de la direction du Teatro do Noroeste — Centro Dramático de Viana.

CP // MAG

Articles récents